Mettons fin aux rumeurs. Les Requins ne sont pas des mangeurs d’hommes.
Récemment, un plongeur a été mordu au mollet gauche par un requin Longimanus.
La victime aurait été opérée deux fois et serait actuellement en convalescence.
La vidéo devient virale sur les réseaux sociaux sans aucunes explications.
Cependant elle permet d’analyser plusieurs faits qui peuvent expliquer l’incident et que je souhaite partager avec vous.
Elle ne témoigne pas que de l’accident en lui-même mais les relations de causes à effets qui ont conduit à la morsure.
La vidéo : https://www.youtube.com/watch?v=qBx9ETMAFkQ
Les requins n’ont pas de sens de la déduction, ils ne choisissent pas, ne raisonnent pas. Ils ont un cerveau binaire qui analyse des informations transmises par leur sens. De là en découlera un panel de réactions/réponses dicté par les informations reçues. Rajoutez à cela des instincts primaires génétiquement transmis depuis des milliers d’années et vous avez une vision vulgarisée de l’interprétation des requins sous l’eau face à tout type d’évènements.
Pour faire simple, lorsqu’un ordinateur calcule les commandes dictées par un programme, il les met directement en application selon toujours la même forme. Pour les requins c’est sensiblement pareil. La faculté d’adaptation est très variable, et dans des cas d’analyse rapide, certaines réponses primeront et induiront telle ou telle réaction.
Ici, dans ce cas précis, l’attitude de détresse du plongeur seul en shorty active plusieurs sens du requin. Ces sens mettent en application l’investigation du requin vers la zone de mouvement des palmes qui dégage des fréquences semblable à celle d’une proie potentielle. Prudemment mais énergiquement, le requin cherche à compléter son évaluation. Il prend ensuite du recul pour mieux comprendre et analyser. Durant toute la scène les plongeurs sont espacés, seuls, et en position horizontale (alors que la position verticale est recommandée).
Un nouveau facteur rentre dans l’analyse lorsque le plongeur calme en sidemount arrive dans la décor.
Les requins n’ayant pas de main, parfois la meilleure manière de compléter une évaluation se fait par le toucher ou une morsure « exploratoire ». Le nouveau plongeur de la scène étant nettement moins actif que le premier permet au requin de compléter son approche par le contact qui entraine ensuite l’étape suivante qui est la morsure.
La décision de mordre est la résultante de fausses informations cumulées qui ont conduit à cet incident. Comme le bug ou le crash system d’un ordinateur qui cumule de faux calcules sur un programme.
A aucun moment au cours de cette interaction le requin a montré des signes d’agressivité direct même si parfois les distances étaient proches ou la nage plus ou moins rapide. Les axes d’approches étaient bien dirigées en direction des plongeurs et pas dans la volonté de morde, mais bien de compléter son investigation par rapport à des « mouvements de proies « dégagés par le plongeur en shorty.
La science a démontré qu’il faut entre 1000 et 35 000 ans à un prédateur pour assimiler une nouvelle proie dans son code génétique afin de comprendre comment la chasser…
Une fois un ordinateur éteint, la mémoire vive de votre machine disparait et au prochain démarrage, toutes nouvelles commandes permettrons l’application de nouvelles tâches sans souvenir de celles effectuées la vielle.
Il en sera de même pour les requins, qui d’une journée à l’autre réapprendront l’interaction avec les plongeurs. En témoignage, tous les guides qui sont aux Brothers depuis 2 mois côtoient les mêmes animaux qui systématiquement ré-adoptent jour après jour les mêmes codes d’approches envers les plongeurs qu’ils voient pourtant en permanence.
Si les requins avaient la possibilité de se souvenir grâce à une mémoire à moyen terme par le conditionnement, il y aurait nettement plus d’incidents chaque année ne serait-ce qu’avec les plongeurs. Ce requin océanique a déjà oublié qu’il a mordu un plongeur.
Étant aux Brothers depuis plus de 2 mois maintenant, je doute que le « feeding » ai pu conduire à un tel résultat car je n’en ai pas vu. Par contre, la mauvaise attitude constamment observée des plongeurs est selon moi la raison qui incite ces requins pélagiques à répondre aux mauvaises informations transmises dans l’eau par les hommes.
Il se peut que j’aie tort dans mon interprétation, mais rappelez-vous que votre conduite induit systématiquement une réponse chez les animaux.
La bonne attitude avec les requins ne s’improvise pas ! Apprenez les bons gestes et écoutez vos guides. Si aucun briefing ne vous est fait, suivez les recommandations dictées ci-dessous.
Ne laissons pas la bêtise humaine détruire la réputation de cette espèce déjà en danger critique d’extinction.